Il nous a fait quoi encore ? Chaque fois il repousse ses limites au plus profond de lui-même. Sans péter de raquettes ni insulter le jeu. Le troisième et le cinquième set sont des modèles du genre. Medvedev, par ailleurs excellent, respect ! a visité tout Melbourne, Rafa lui a tout fait : slice et kick (sur dur !), deuxième service bombé comme sur terre battue, passings à mourir de bonheur, et même - rappelons quand même que Rafa c'est aussi, et peut-être d'abord, une main - amorties liftées, revers tranchants à grands coups de rasoir, smashes à la je-fais-juste-ce-qu'il-faut-pour-t'enfoncer-moralement... Quelques volées ou revers-volées à rendre maboul n'importe qui, etc... Toute la gamme du tennis.
Après les deux premiers sets, contre cet adversaire-là, qui aurait tenu ? Bravo pour le fair-play de Medvedev (j'ai adoré sa phrase, qui en dit tellement à la fois sur le match et sur la résilience et l'opiniâtreté de Maître Rafa) : "J'ai essayé de jouer au tennis". Merci mec pour ça, avec un peu plus de coffre tu sauras gommer tes sautes d'humeur, tes fluctuations tennistiques et tout le poids émotionnel que suscite une finale de Grand Chelem. Tout ça viendra en son temps. Il te suffit d'attendre un peu.
Les fans bornés de Djokovic, on s'en fout, ils sont aussi monomaniaques et de mauvaise foi que leur mentor. J'ai lu des trucs de leur part, même moi, qui en ai vécu des vertes et des pas mûres, j'y crois pas encore.
Ironie suprême : Nadal gagne sur les terres de Novak Chocapic après que celui-ci ait commis le blasphème impardonnable de ravir la couronne de Roi de la terre battue au terrien Nadal à Roland-Garros. Mais celui qui tape Rafa à Roland-Garros le paie toujours et très vite, le chaman de Majorque finit par rétablir les choses.
La next gen va devoir encore attendre un peu, je maintiens ce que j'ai déjà dit par ailleurs : cette année, Nadal chope Paris-Roland après une brève et légère préparation, Medvedev se prend Wimbledon dans les fouilles et Tsitsipas l'US Open. Je prends les paris tout de suite.
Grâce à sa gestion de l'évènement, qui écraserait n'importe qui, quel colosse. Il y a un idiome qu'on ne prend pas en compte, qu'on ne veut pas prendre en compte : un point est un point, quand on joue chaque point en dehors de l'enjeu, et qu'on le joue comme une balle de match mais sans pression ni se soumettre aux émotions, au final la pièce tombe du bon côté. Les grands jouent point par point, et à ce jeu (qui n'en est pas un) Nadal est le meilleur de tous les temps (oui, meilleur que Federer et Djokovic). Ce n'est pas une question de valeur intrinsèque, mais tout se joue dans la tête et dans les tripes et là, avec Rafa, on n'a jamais vu ça.
Quant aux fans de Djoko, j'ai consulté un peu mais arrêté juste avant de vomir : dans ce jour faste qui correspond pour eux à une espèce de deuil, ces zones d'ombres où ils crapotent, sont d'une obscénité - ça ne me surprend pas trop venant de cette clique ou plutôt de ce gang tellement autocentré - inqualifiable. Leur secte ne m'intéresse pas plus que ça. Tout comme leur bile amère qu'ils déversent sur tout ce qui n'est pas serbe. Obsédés par le GOAT alors qu'on sait tous qui l'est, et ça ne date pas d'aujourd'hui.
Et le gros Becker, s'il pouvait nous lâcher un peu, il est pacsé avec Novax ou quoi ? Quelle ignorance dans l'analyse, quelle carence de jugement, quelle intelligence largement en-deçà du niveau de la mer ! C'en est fascinant.
Je vais pas finir sur un tableau noir des révisionnistes du tennis moderne. Bravo Rafa, mais surtout merci. Cet homme infuse de la joie. On peut trouver ça nunuche (ça, ce sont les abrutis revenus de tout), subjectif (jamais), ou façon groupie (sinon ça va bien, vous ?), c'est un moment d'histoire du tennis auquel on a été conviés. Quel homme ! Quel beau jeu le tennis et quelle histoire que celle de Rafa ! Dire que ça va continuer encore un moment comme ça...
Philippe N.
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